Pierre M.G.V.E. Leroy de Boiseaumarie
Né le 5 avril 1890 à Chateauneuf du Pape, Pierre Le Roy de Boiseaumarie, dit le baron Le Roy est à l'origine du renouveau des appellations vitivinicoles en France. Il est le cofondateur de l'Institut national des appellations d'origine, dont il fut pendant vingt ans le président, et de l'Académie du vin de France.
Il présida aussi aux destinées de l'Office international de la vigne et du vin et fut membre correspondant puis titulaire de l'Académie de philatélie. Pendant la Grande Guerre, pilote de Chasse, il devint l'un des 187 As de l'Armée de l'Air Française.
Le baron Pierre Marie Gabriel Le Roy de Boiseaumarié est issu d'une famille normande installée à Vendargues. Le 9 juin 1907 lors de la grande manifestation des vignerons languedociens à Montpellier, le bruit ayant couru que l'armée était prête à intervenir, alors qu'il était étudiant en droit et futur avocat, il mit le feu à la porte du palais de justice de Montpellier pour empêcher la troupe qui s'était cantonnée à l'intérieur de tirer sur les manifestants.
Appelé sous les drapeaux en 1911, il se trouve affecté au 81e Régiment d'Infanterie avant d'être transféré, plus tard, au 9e Régiment d'Artillerie. Le 21 février 1916, il est envoyé à Pau comme élève pilote, obtenant le Brevet de Pilote Militaire n° 4110 le 2 août 1916. Une fois sa formation complètement achevée, il est affecté à l'Escadrille N 78 le 9 février 1917, obtenant une promotion au grade de Sous-Lieutenant.
Sérieusement blessé le 7 juin 1918, après avoir lui-même abattu un Fokker Dr I, il est évacué vers l'arrière et ne retrouve son unité que le 17 août. Avant la fin de la guerre, il est transféré à l'Escadrille SPA 15 avec laquelle il ne remportera cependant pas de nouvelle victoire. Aux 5 victoires homologuées que compte son palamarès, il fait ajouter 2 victoires probables.
Ayant reçu la Médaille Militaire après l'obtention, le 20 août 1917, de sa troisième victoire, sa Croix de Guerre comporte au moins 3 Palmes. Il sera aussi fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre militaire.
Lors de ses études de droit à Montpellier, il avait rencontré et s'était épris de la fille d'un propriétaire-viticulteur vauclusien. La guerre terminée, il épousa en 1919, Edmée Bernard Le Saint, héritière de l'un des plus prestigieux domaines de Châteauneuf-du-Pape : le Château Fortia. Depuis la fin du XIXe siècle, la facilité des transports avait permis des fraudes sur l'origine des vins. Jean-Robert Pitte rappelle dans son ouvrage Le désir du vin.
À la conquête du monde que le négoce bordelais et bourguignon n'hésitait pas à venir s'approvisionner à Tain-l'Hermitage et à Châteauneuf-du-Pape. Les vins de ces deux communes leur servaient à donner du corps et de la couleur à quelques petits millésimes. Un Bourguignon, croyant faire plaisir à la propriétaire du château Fortia, future belle-mère du baron, l'aurait complimenté en ces termes « Vous êtes devenus à Châteauneuf notre succursale » ; il se vit répliquer « Vous vous trompez, Monsieur, nous sommes votre maison-mère. »
Renonçant dès lors au barreau, le baron se consacra au domaine viticole. Pierre Charnay explique : « Lorsqu'il est arrivé dans le Vaucluse, les viticulteurs de Châteauneuf-du-Pape avaient de graves problèmes : le phylloxéra, la chute de qualité, la tromperie sur la marchandise... certains d'entre eux faisaient venir du raisin du Gard. » Connaissant la formation de juriste du baron, les viticulteurs de la commune firent appel à lui pour remettre de l'ordre dans cette pagaille. Il fit d'abord créer en 1924, le syndicat des vignerons de Châteauneuf-du-Pape, puis, en 1929, le syndicat des Côtes-du-Rhône.
Sur la base d'un procès en justice, il obtint en 1933, un jugement qui définit et délimita l'appellation Châteauneuf-du-Pape. La même année, avec le gastronome Curnonsky, il fut à l'initiative de la création de l'Académie du vin de France.
Son amitié avec Joseph Capus, ancien ministre de l'Agriculture de 1923 à 1925, lui permit de fonder avec lui l'INAO (Institut National de l'Origine et de la Qualité) en 1935, dont il devint le président de 1947 à 1967. Son action pour la défense des vins de qualité lui valut d'être fait officier de la Légion d'Honneur et de devenir président de l'Office international de la vigne et du vin.
Ses activités professionnelles ne l'empêchèrent point de s'occuper de ses collections philatéliques : essais de France, timbres pré-oblitérés et timbres-poste d'Amérique du Sud. Ses éminentes connaissances lui valurent d'être membre correspondant de l'Académie de philatélie du 11 octobre 1964 au 28 mai 1967 date à laquelle il devint membre titulaire du siège n° 12.
Il ne siégea que quatorze jours puisqu'il s'éteignit le 16 juin 1967 à l'âge 77 ans. Cet éminent philatéliste est le seul membre de cette Académie à avoir donné son nom à une rue de Paris. Une station Baron-Le-Roy de la ligne 3 du tramway d'Île-de-France a ouvert fin 2012.
Victoires
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Date
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Escadrille
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Avions abattus
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Lieu
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1
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06 avril 1917
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N 78
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Ballon
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Ardeuil
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2
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22 juillet 1917
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N 78
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Ballon
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-
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3
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20 aout 1917
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N 78
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Avion
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Bois des Forges
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4
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21 avril1918
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SPA 78
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Avion
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Lassigny
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5
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07 juin 1918
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SPA 78
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Fokker DR I
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Creil
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